« Circles », haine, pardon et rédemption

Primé au festival de Sundance, « Circles » se base sur des faits réels de la guerre en Bosnie en 1993.
Primé au festival de Sundance, « Circles » se base sur des faits réels de la guerre en Bosnie en 1993.
Inspiré de faits réels, ce film profond mais un peu trop démonstratif évoque les blessures laissées par la guerre en Bosnie et explore les voies possibles d’un avenir apaisé.


 CIRCLES

 Sdran Golubovic 

 Film franco-germano-serbe, 1 h 52 

En 1993, pendant la guerre en Bosnie, un jeune soldat, Marko, sauve la vie d’un vendeur de cigarettes pris à partie, jeté au sol et molesté par d’autres militaires qui s’apprêtent à le tuer. Son geste lui vaut de subir à son tour la violence du petit groupe.

Douze ans plus tard, en divers endroits, les traces laissées dans les esprits par cet événement dramatique sont toujours vivement perceptibles. Fils d’un des tortionnaires décédé depuis, un jeune homme tente d’approcher le père de la victime, qui travaille seul ou presque à la reconstruction d’une petite église déplacée au sommet d’une colline. Un ami de Marko, chirurgien, reçoit en urgence un patient gravement accidenté et se rend compte qu’il s’agit d’un autre membre de la bande, qui n’a jamais exprimé le moindre regret.

Répétition de la violence

Loin de Bosnie, en Allemagne, le vendeur de cigarettes devenu ouvrier, marié, père de deux fillettes, vit paisiblement jusqu’à ce qu’il reçoive la visite de l’ancienne petite amie de Marko, poursuivie par un mari violent. Il entreprend de l’aider en sachant pertinemment que la violence aveugle dont il fut victime en d’autres circonstances pourrait à nouveau se déchaîner contre lui.

Récompensé, entre autres, d’un prix spécial du jury (au festival de Sundance) et d’un prix du jury œcuménique (à Berlin), Circles est un film tendu, poignant, parfois éprouvant, qui s’interroge sur les moyens – ténus – par lesquels le cercle infernal de la violence et de sa répétition pourrait être brisé.

Dans chacune des situations explorées, les personnages sont mis à l’épreuve au tréfonds d’eux-mêmes, cherchant, parfois longtemps, le chemin du pardon ou de la rédemption – seules options possibles, même si, dans un contexte de haine cimentée, le moindre geste coûte.

Vers l’origine du mal

Le film, qui ne manque pas de qualités esthétiques, articule de manière fluide les trois histoires et, procédant par cercles concentriques, s’approche lentement de l’origine du mal, de cette onde de choc qui dévasta tant de vies. Sdran Golubovic aurait pourtant gagné à rendre plus léger son pinceau de metteur en scène et à faire davantage confiance à ses acteurs, plutôt que de céder, à plusieurs reprises, au pathos. En étant plus suggestif, ce film grave, dicté par un profond questionnement, aurait bénéficié d’une force accrue.

OSZAR »