Le concept du « do-it-yourself » (« faites-le vous-même »), tendance observée depuis quelques années chez les adultes, séduit également les ados, qui se lancent dans la conception de bijoux faits main. Maurine, 14 ans, fabrique des colliers et des bracelets en perles pour elle et ses amies : « Je vais sur Pinterest pour trouver l’inspiration et ensuite je fais à mon idée », raconte-t-elle.
Habituée à faire des travaux manuels avec sa mère, la collégienne s’y est mise lors du premier confinement. Julie, 17 ans, a déjà rempli un coffre entier avec ses créations : des colliers de perles colorées et des pendentifs, pour filles ou garçons.
« Lorsque je les ai montrés à mes copines, elles m’ont toutes dit : “J’en veux !” Alors, j’en ai réalisé pour elles, mais aussi pour mes copains et ma famille, indique la lycéenne, fan de mode. C’est une activité relaxante : on peut faire autre chose en même temps, écouter de la musique, regarder une série ou tout simplement réfléchir. »
Une mode relancée par les créateurs
Si l’engouement des ados pour les bijoux faits main n’est pas nouveau, la mode semble cette fois avoir été lancée par les créateurs eux-mêmes. Après le premier confinement, la maison italienne Bottega Veneta a en effet proposé un collier de perles reproduisant de petites marguerites. « Le genre de collier que l’on apprend à faire à 8 ans mais qui là coûte dans les 1 200 € », relève Saveria Mendella, doctorante à l’École des hautes études en sciences sociales.
Surprise par la démarche, la jeune chercheuse est allée vérifier sur le site de vente d’occasion Vinted si des personnes en profitaient pour vendre des colliers vintage. Mais elle a surtout trouvé « des comptes de jeunes filles qui proposaient d’en fabriquer des similaires sur mesure ».
→ TENDANCE. Des adolescentes organisées grâce à leur « bullet journal »
Le phénomène lui paraît très révélateur de l’époque : « Ces jeunes ultra-connectés ont compris les codes ironiques qu’il y a parfois dans la mode, analyse-t-elle. Plutôt que d’être dans la critique pure, elles intègrent plus ou moins son fonctionnement, qui consiste à prendre de l’ordinaire pour en faire de l’extraordinaire. »
À notre avis
Que des jeunes se jouent des stratégies marketing de l’industrie de la mode pour se réapproprier ce qui relève du loisir créatif est plutôt réjouissant. D’autant que cette activité est peu onéreuse et tournée vers les autres. Créer des bijoux de ses propres mains, c’est une façon de s’inscrire dans le concret, quand bien même on cherche souvent de l’inspiration sur les écrans.