Hommage à Rafael Nadal : l’homme qui ne compte que quatre défaites à Roland-Garros

En 23 ans de carrière, Rafael Nadal a remporté 14 Roland-Garros, un record. Le tournoi lui rendra hommage lors d’une cérémonie, dimanche 25 mai 2025. (Ici, le 5 juin 2022, après avoir remporté son 14e et dernier titre dans le Grand Chelem parisien).
En 23 ans de carrière, Rafael Nadal a remporté 14 Roland-Garros, un record. Le tournoi lui rendra hommage lors d’une cérémonie, dimanche 25 mai 2025. (Ici, le 5 juin 2022, après avoir remporté son 14e et dernier titre dans le Grand Chelem parisien). Matthieu Mirville / ZUMA PRESS/MAXPPP
Lors d’une cérémonie d’hommage, Rafael Nadal sera honoré à Roland-Garros, ce dimanche 25 mai. Sur la terre battue parisienne, le Majorquin a forgé sa légende : 14 titres glanés, 112 victoires mais aussi quatre petites défaites. Souvent inattendues, elles constituent des matchs à part dans l’histoire du tournoi.

Un ultime hommage, « simple, à son image » mais « forcément chargé d’émotion », pressent Amélie Mauresmo, directrice du tournoi de Roland-Garros. Ce dimanche 25 mai, Rafael Nadal, meilleur joueur de l’histoire du Grand Chelem parisien, sera honoré par son « tournoi de cœur » à l’occasion d’une cérémonie attendue par toute la planète tennis.

L’Espagnol n’avait pas pu faire officiellement ses adieux après sa défaite au premier tour lors de l’édition 2024, ni être célébré comme il se doit, sa retraite sportive n’étant pas encore actée. Ses 23 ans de carrière ne se sont définitivement achevés qu’en octobre dernier, lors d’une dernière danse en coupe Davis, alors qu’il portait les couleurs de l’Espagne.

Mais Roland-Garros reste bien la terre de ses plus grands exploits. Sa folle hégémonie débute en 2005 à 18 ans par une première victoire surprise. Par la suite, ce sont les défaites qui surprennent. Au total, le Majorquin soulève le trophée à 14 reprises, écœurant ses plus grands rivaux, et remporte 112 matchs. Seuls trois joueurs ont réussi à renverser Nadal dans son jardin. Parce que le Majorquin a presque toujours semblé insubmersible au fil des années, ses défaites ont toujours fait l’effet d’un tremblement de terre.

Face à Robin Söderling, le 31 mai 2009

La première, la plus impensable. En 2009, Rafael Nadal semble intouchable lorsqu’il se présente Porte d’Auteuil. Quadruple tenant du titre, il n’a jamais perdu à Roland-Garros. L’Espagnol est donc immense favori lorsqu’il entre sur le court Philippe Chatrier pour son huitième de finale. D’autant qu’en face de lui se dresse Robin Söderling, 25e joueur mondial, qu’il vient de martyriser au tournoi de Rome (victoire 6-1, 6-0).

Pourtant, l’outsider prend vite les devants. Sous un ciel gris, dans une atmosphère humide qui déplaît au tenant du titre, Söderling survole le premier set (6-2). Nadal rassure le public en empochant la deuxième manche (7-6). Les deux suivantes vont choquer la planète tennis : Nadal tombe en quatre sets face à un adversaire en état de grâce.

Le roi tombe de son piédestal. Son bourreau chute, à son tour, en finale face à Roger Federer, qui remporte cette année-là son seul Roland-Garros. Lors de l’édition suivante, Nadal retrouve Söderling. En finale cette fois. L’Espagnol ne fait pas de quartier et étrille son tourmenteur d’un jour pour glaner son cinquième titre sur la terre battue parisienne.

Face à Novak Djokovic, le 3 juin 2015

Face à un joueur au sommet de son art, Nadal est balayé en quart de finale de l’édition 2015. Alors que Novak Djokovic, numéro un mondial, remporte l’Open d’Australie, le tournoi de Monte-Carlo et celui de Rome avant de se présenter à Roland-Garros, Nadal n’est pas au top de sa forme. Septième mondial, il n’a pas dépassé les quarts de finale à Rome.

Au moment d’affronter le « Djoker », le public veut pourtant croire que l’orgueil du nonuple vainqueur va encore suffire. Et le premier set semble lui donner raison. Mais après plus d’une heure de combat, Nadal, qui avançait sur un fil, rompt.

Les deux sets suivants sont un calvaire pour lui. Le troisième prend même un côté dramatique, à mesure que le spectre d’un 6-0 approchait. L’ovation du public lorsque le Majorquin sauve un jeu est aussi belle que triste. Impuissant, il s’incline sèchement (7-6, 6-3, 6-1), le jour de son anniversaire. Beaucoup considéreront ce match comme une passation de pouvoir mais Nadal se relèvera, deux ans après.

Face à Novak Djokovic, le 11 juin 2021

Un des plus grands matchs de l’histoire du tournoi. Six ans et quatre sacres se sont écoulés depuis la dernière défaite de « Rafa » à Roland-Garros, déjà face à Novak Djokovic. Mais lors de l’édition 2021, le duel est beaucoup plus indécis. Les deux hommes viennent d’offrir au public un duel homérique en finale du tournoi de Rome, dont Nadal est sorti vainqueur.

L’Espagnol ne lâche qu’un petit set avant de se présenter face à son rival sur la terre battue parisienne en demi-finale. Nadal entame cette rencontre de la meilleure des manières, remportant la première manche (6-3).

Mais Djokovic se reprend dès le deuxième set (6-3). Si le niveau de jeu était déjà très haut, il atteint des sommets et fait basculer la rencontre dans l’irrationnel. Un mano à mano que seuls ces deux joueurs, parmi les plus grands de l’histoire du tennis, savent offrir. Au bout d’un jeu décisif haletant, le Serbe finit par prendre les commandes, devant un public chauffé à blanc par ce scénario, bien que réduit à 5 000 spectateurs à cause de la jauge liée au Covid-19.

Malgré l’appui des supporters, Nadal est marqué physiquement par l’intensité du combat. Après 4 h 11 d’un spectacle immense, l’homme aux 13 sacres rend les armes.

Face à Alexander Zverev, le 27 mai 2024

Un match comme un baisser de rideau. S’il s’est battu contre les blessures tout au long de sa vie, le champion semble bien, cette fois, au crépuscule de sa carrière à l’orée de Roland-Garros 2024. Il n’a pas participé aux quatre derniers Grand Chelem et n’a joué que quelques matchs avant d’arriver à Paris, sans grand succès.

Le public sent bien que cette participation sera la dernière, sans pour autant que l’intéressé ne confirme jamais. Lorsque le tirage au sort désigne l’Allemand Alexander Zverev, troisième joueur mondial, comme son adversaire au premier tour, le monde du tennis le pressent, ce match sera le dernier de « Rafa » sur la terre parisienne.

Cette rencontre est la dernière chance pour le public de voir le plus grand joueur de l’histoire du tournoi fouler le court Philippe-Chatrier. Certains redoutaient une fessée mais « Rafa » les fait mentir : il résiste longtemps, domine même parfois l’Allemand au cours de deux premières manches accrochées, offrant aux 15 000 spectateurs les derniers frissons d’une carrière monumentale.

Après plus de 3 heures de jeu, le Majorquin s’incline face au futur finaliste. « Je ne sais pas si c’était mon dernier match ici, mais j’ai apprécié ce moment », conclut-il devant un public devenu silencieux. Il venait pourtant de tirer sa révérence sur le tournoi de sa vie. Un dernier match, un dernier frisson et un dernier discours… avant l’hommage que Roland-Garros lui réserve ce dimanche.

OSZAR »