La France poursuit sa retraite du Sahel. Après le Mali, c’est le Burkina Faso qui veut s’affranchir de son influence diplomatique et militaire. Les autorités de Ouagadougou ont obtenu le départ prochain des 400 soldats de l’opération antiterroriste Sabre, stationnés dans les faubourgs de la capitale et dont le rayon d’action couvrait toute la région. Hier, Paris a annoncé le rappel de son ambassadeur, signe d’une forte tension. Le Burkina Faso veut diversifier ses partenaires et se tourne notamment vers la Russie. La France en prend acte sans jeter d’huile sur le feu.
Le réalisme invite en effet à ne pas s’accrocher et à s’astreindre à la patience. Le sentiment antifrançais se répand dans la population sahélienne, attisé par la propagande prorusse. Il n’est pas nouveau. Dans les années 1980, le chef d’État anti-impérialiste Thomas Sankara dénonçait déjà avec fougue le « colonialisme » de Paris. Aujourd’hui, l’exacerbation des passions correspond à une grave dégradation des conditions de vie. L’insécurité et la crise socio-économique s’alimentent réciproquement. La France joue le rôle de bouc émissaire, ses opérations armées n’ayant, de fait, pas ramené la paix.
La stratégie du vide n’est toutefois pas une option. Au Mali, l’ONU souligne que le départ des troupes de Barkhane, l’an dernier, a entraîné une hausse de la violence. Ni la France, ni l’Union européenne, ni les pays africains n’ont intérêt à ce que le Sahel se transforme en une nouvelle Somalie, avec des structures étatiques effondrées et une parcellisation du territoire. L’Élysée affirme préparer une nouvelle stratégie pour la région. Il faudra combiner sécurité et développement pour éviter que la situation ne se dégrade dans toute l’Afrique de l’Ouest.