Éditorial

Guerre Israël-Iran : le programme nucléaire du régime de Téhéran finit en impasse

Jean-Christophe Ploquin, rédacteur en chef.
Jean-Christophe Ploquin, rédacteur en chef. Franck Ferville pour La Croix
Estimant que Téhéran veut se doter d’armes atomiques, Israël mène une guerre aérienne de très grande ampleur depuis le 13 juin. Le régime iranien est aujourd’hui ébranlé sur les deux axes principaux de sa stratégie d’influence : son programme nucléaire et sa capacité de nuisance contre l’État hébreu.

Après des décennies de guerre par procuration, Israël et l’Iran sont engagés dans un affrontement direct qui va laisser des traces profondes. C’est un moment de vérité sur l’état de leurs forces et la solidité de leurs alliances. À ce jour, Israël peut compter sur les États-Unis tandis que Téhéran paraît isolé. L’État hébreu a les mains libres pour poursuivre son objectif principal : détruire les capacités balistiques et les installations critiques d’enrichissement et de stockage d’uranium de son ennemi.

Il est trop tôt pour savoir si les bombardements infligeront des dommages irrémédiables. Mais le coût d’une éventuelle reconstruction obligera sans doute la République islamique à réexaminer la priorité donnée à ses projets nucléaires. D’idéologie révolutionnaire depuis sa création en 1979, le régime est une théocratie utilisant le religieux au profit d’un nationalisme expansionniste. La constitution d’un « axe de résistance » contre Israël est le levier principal d’une quête d’influence dont l’atome devait être le bouclier. Or cette stratégie a provoqué des sanctions américaines lourdes et multiformes, enrayant le développement du pays. La population en paie le prix, une grande partie contestant le pouvoir des mollahs – il y a trois ans, aux cris de « Femme, vie, liberté ».

Le guide de la révolution Ali Khamenei reconnaîtra-t-il son échec ? S’il s’obstinait dans les prochains mois à poursuivre un programme nucléaire secret, il manifesterait sa volonté de maintenir l’Iran dans un système autocratique répressif et agressif. S’il décidait de n’en conserver que les aspects civils, sous un contrôle international strict, il inaugurerait une nouvelle ère pour son pays. Tout le monde y gagnerait, sauf, probablement, son régime.

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