Lutte contre les mégots : 5 chiffres saisissants qui montrent combien la cigarette pollue

Pas moins de 23 milliards de mégots sont jetés par terre chaque année, en France, selon les chiffres officiels.
Pas moins de 23 milliards de mégots sont jetés par terre chaque année, en France, selon les chiffres officiels. trainman111/stock.adobe
Surfrider Foundation a réclamé mercredi 21 mai l’interdiction des filtres de cigarettes, « poison pour l’environnement ». De son coté, la mairie de Paris a annoncé des mesures contre le rejet de mégots dans l’espace publique. Réduire la pollution qu’ils engendrent est aujourd’hui devenu un enjeu majeur.

« Il est temps d’interdire les filtres de cigarette ». L’ONG Surfrider Foundation, association de protection de l’océan, demande ce mercredi 21 mai l’interdiction de ces « faux alliés pour la santé » mais « vrai poison pour l’environnement ». Hier, l’adjoint en charge de la propreté à la mairie de Paris, Antoine Guillou, a de son côté qualifié les « quatre à cinq millions de mégots abandonnés chaque jour » dans l’espace public parisien de « véritable fléau », annonçant plusieurs mesures pour changer les habitudes des fumeurs.

À dix jours de la journée mondiale sans tabac, les initiatives destinées à lutter contre la pollution liée aux mégots, sur terre comme en mer, se multiplient. Alors que Santé publique France estime à 12 millions le nombre de fumeurs quotidiens en France, les nuisances causées par ce déferlement de mégots sont énormes.

23 milliards de mégots

Au total, 23 milliards de mégots sont jetés par terre chaque année, en France, selon le ministère de la transition écologique. Ce chiffre vertigineux représente 25 000 tonnes par an de déchets qui jonchent les sols, l’équivalent du poids de presque trois tours Eiffel. Selon l’éco-organisme Alcome, un mégot est visible tous les dix mètres dans les rues. Cette moyenne monte même à 4,5 mégots dans les grandes villes, selon un bilan coréalisé avec l’Ademe et les pouvoirs publics.

Depuis 2021, le principe du pollueur-payeur est entré en vigueur afin de changer les mauvaises habitudes des fumeurs. Ainsi, les industriels du tabac versent désormais une écoparticipation afin de financer des actions d’information, de prévention, de collecte et de traitement des déchets produits. Chaque année, 80 millions d’euros sont octroyés aux collectivités pour leur permettre de financer le ramassage des mégots jetés par terre.

500 litres d’eau polluée

Un mégot peut polluer jusqu’à 500 litres d’eau, à lui tout seul. Jeté au sol, il est loin d’être systématiquement ramassé par des agents de nettoyage. Le vent et le ruissellement le poussent dans les bouches d’égout qui l’amèneront, tôt ou tard, dans la mer ou dans des usines d’assainissement de l’eau qui ne savent pas les traiter.

Au contact de l’eau, le mégot libère certaines de ses 2 500 substances chimiques (un chiffre qui peut monter jusqu’à 4 000 pour certaines cigarettes) nocives pour la biodiversité. Parmi elles, l’arsenic, le plomb, le cyanure ou l’uranium. Le filtre, quant à lui, libère des microplastiques au contact de l’eau. De quoi tuer une partie de la faune marine, qui ingère ces détritus, bouleverser l’équilibre marin, très sensible aux changements d’acidité de l’eau, et menacer les réserves en eau douce, contaminées.

Le principe pollueur-payeur mis en place par le gouvernement doit permettre d’éviter à 110 millions de cigarettes de se transformer en déchets marins. Mais il ne faut pas oublier que les dégâts ne concernent pas que les mers et océans. Ils touchent également l’air et les milieux naturels terrestres.

110 millions d’euros par an pour Paris

À Paris, chaque année, le ramassage de 350 tonnes de mégots coûte 110 millions d’euros. L’enjeu est également immense à Marseille, où 500 millions de cigarettes sont collectées annuellement, à Bordeaux (200 millions) et à Lille (100 millions), entre autres. Dans l’Hexagone, le coût du ramassage des déchets de cigarettes représente 38 € par habitant et par an.

De nombreuses initiatives tentent de collecter puis recycler les mégots. Une fois récupérés, ceux-ci peuvent être triés pour éliminer tout matériau indésirable (papier, plastique, emballages) puis traiter pour enlever les contaminants et les toxines. Le résidu sert ensuite à la production d’objets divers comme des palettes en plastique, des panneaux ou… des cendriers.

Mais ces possibilités de recyclage ne concernent qu’une partie du mégot, alors que le reste est inexploitable. De plus, les initiatives, aussi précieuses et louables soient-elles, sont trop peu nombreuses pour pallier le déferlement de mégots qui tombe chaque année.

12 ans pour se décomposer

Un mégot met jusqu’à 12 ans pour se décomposer entièrement. Si les filtres se dégradent en un ou deux ans, l’acétate de cellulose, autre composant de la cigarette, met plus de dix ans à disparaître. Cependant, leur dégradation n’est jamais vraiment complète : en se disloquant, les éléments libèrent des microparticules de plastiques qui leur survivent et polluent encore pendant plusieurs décennies.

La petite taille et la légèreté du mégot font aussi de lui un déchet aux grandes capacités de dispersion : lorsque sa décomposition a commencé, les microparticules de plastique vont, à leur tour, être disséminées par le vent ou le ruissellement de l’eau.

1er déchet le plus ramassé sur les plages

Les mégots sont le déchet le plus collecté sur les plages et dans les océans. Premiers responsables de la pollution maritime à travers le monde, les filtres de cigarettes représentent 40 % des détritus ramassés sur le littoral européen, selon la fondation Surfrider. En 2022, l’association de protection des océans en a récolté 2 409 580 à travers l’Europe

Les mégots sont également le troisième tueur dans l’espace maritime, à l’échelle mondiale, après les filets de pêche et les sacs plastiques. Il s’en échouerait 4,5 milliards chaque année dans les océans.

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