François Bayrou a annoncé lundi 26 mai à l’occasion d’un comité interministériel de la mer à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) le lancement d’un troisième plan de lutte contre la prolifération des sargasses, ces algues brunes aux émanations toxiques qui envahissent le littoral des Antilles.
Le premier ministre a également annoncé l’affectation de 90 millions d’euros issus du marché européen des émissions polluantes à la décarbonation du secteur maritime.
Collecte et à la destruction des sargasses
Le plan contre les sargasses, qui « défigurent nos côtes dans les Antilles, empêchent la baignade, rendent impossible la vie des riverains », sera « lancé dans les mois qui viennent », a déclaré le premier ministre.
Il sera axé notamment sur « le soutien à la collecte et à la destruction de ces algues, ce qui passe par le recours accru à des navires » appelés « sargator, capables de collecter seize tonnes d’algues par heure », « à des grues et à des barges de stockage dédiées », a-t-il détaillé.
En amont, il aura été établi un bilan du plan actuel pour « pérenniser » les actions qui ont « montré leur efficacité », a précisé une source gouvernementale.
Depuis près d’une quinzaine d’années, ces algues brunes envahissent les littoraux des Caraïbes mais aussi de Guyane, d’Amérique centrale, du golfe du Mexique, de la Côte d’Ivoire, du Bénin ou du Togo. Alors que la science tâtonne encore sur les causes du phénomène, les sargasses étouffent la biodiversité et ont des impacts sanitaires ainsi qu’économiques et touristiques. En pleine mer, elles ne sont pas nocives et servent au contraire de refuge à des poissons ou crustacés.
Décarbonation du secteur maritime
François Bayrou a par ailleurs fait savoir que 90 millions d’euros issus du marché européen des émissions polluantes seront affectés à la décarbonation du secteur maritime.
Le comité interministériel de la mer, réuni à Saint-Nazaire, « a décidé que les revenus générés par le marché carbone européen maritime seront mobilisés pour participer à la décarbonation du secteur maritime », a expliqué le premier ministre.
Il s’agit de recettes générées par le marché européen (ETS) des quotas d’émissions de CO2 dans le transport maritime, intégré à ce marché depuis le 1er janvier 2024. Elles pourront financer à partir de 2026 « la modernisation des navires, les infrastructures portuaires et la production de carburants alternatifs », a précisé une source gouvernementale.
Ces moyens augmenteront dans les prochaines années parce que « les recettes du marché carbone seront elles-mêmes en croissance », a-t-on assuré de même source. L’intégration du transport maritime à ce marché carbone « va générer un flux financier qui abondera pour partie le Fonds d’innovation de l’Union européenne et sera en partie reversé aux États membres selon une clé de répartition qui est historique », a-t-on expliqué.
Le gouvernement entend aussi « mobiliser à court terme » les retombées financières des parcs éoliens en mer pour renouveler une flotte de pêche vieillissante. En 2023, le président Emmanuel Macron avait évoqué une enveloppe de 700 millions d’euros fondée sur la future fiscalité de ces projets.
Pour l’éolien, des « études préalables » vont être lancées pour un éventuel projet d’éolien en mer sur l’île de la Réunion. La France prévoit de disposer d’une capacité de production de 18 gigawatts (GW) d’éolien en mer en 2035 et 45 GW en 2050, contre 1,5 GW aujourd’hui.