Entretien

Dans l’orthodoxie, « des Églises se sont consciemment laissé prendre en otages par les nationalismes »

Jean-Arnault Dérens
Historien et rédacteur en chef du Courrier des Balkans
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Le président russe Vladimir Poutine assiste au service de Pâques dirigé par le patriarche orthodoxe russe Kirill à la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou, Russie, le 20 avril 2025. Le maire de Moscou, Sergey Sobyanin, a également assisté à l’office.
Le président russe Vladimir Poutine assiste au service de Pâques dirigé par le patriarche orthodoxe russe Kirill à la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou, Russie, le 20 avril 2025. Le maire de Moscou, Sergey Sobyanin, a également assisté à l’office. STRINGER / Anadolu/AFP
Historien et rédacteur en chef du Courrier des Balkans, Jean-Arnault Dérens vient de publier Géopolitique de l’orthodoxie. De Byzance à la guerre en Ukraine (1). Auprès de La Croix, il décrypte les rapports complexes qu’entretiennent certaines Églises orthodoxes avec des régimes autoritaires, au risque de l’instrumentalisation.

La Croix : Dans votre dernier livre (1), vous décrivez la perception que l’on trouve dans l’imaginaire collectif européen à l’égard de l’orthodoxie. Où cette méfiance s’enracine-t-elle ?

Jean-Arnault Dérens : Cette vision négative remonte au moins à l’époque moderne. Les voyageurs du XVIIIe et du XIXe siècle, qui faisaient le grand tour jusqu’en Grèce dans les pas des héros de l’Antiquité, sont tombés sur des moines orthodoxes dans un système qui était alors encore marqué par l’Empire ottoman. Une image négative s’est construite, partagée aussi bien par les catholiques que par les intellectuels des Lumières et les anticléricaux : ces grecs-orthodoxes leur apparaissaient immanquablement rétrogrades, conservateurs, peu cultivés…

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