Monastère de Sainte-Catherine : l’Égypte, propriétaire, tente de rassurer la Grèce

L’Égypte a tenté de rassurer la Grèce, vendredi 30 mai, à propos d’une récente décision de justice, assurant que le monastère de Sainte-Catherine ne serait pas menacé. (Ici, le 17 décembre 2010)
L’Égypte a tenté de rassurer la Grèce, vendredi 30 mai, à propos d’une récente décision de justice, assurant que le monastère de Sainte-Catherine ne serait pas menacé. (Ici, le 17 décembre 2010) THIERRY SUZAN / MAXPPP
Alors qu’une décision de justice a récemment statué que le terrain sur lequel se dresse le monastère de Sainte-Catherine appartenait à l’État « en tant que propriété publique », Le Caire a assuré à la Grèce, vendredi 30 mai, que ce site symbole de la chrétienté n’était pas menacé.

L’Égypte a estimé, vendredi 30 mai, qu’une décision de justice sur le monastère chrétien de Sainte-Catherine ne menaçait pas ce site sacré classé par l’Unesco au patrimoine mondial, tentant d’apaiser les craintes des autorités grecques et ecclésiastiques.

Le monastère orthodoxe de Sainte-Catherine, situé au pied du mont Sinaï, à près de 500 kilomètres à l’est du Caire, est selon la tradition biblique l’endroit où Dieu s’est manifesté à Moïse. Fondé au VIe siècle sur le site biblique du buisson-ardent, dans les montagnes du sud de la péninsule du Sinaï, c’est le plus ancien monastère chrétien continuellement habité au monde.

Un tribunal du Sinaï a statué mercredi, dans le cadre d’un litige foncier entre le monastère et le gouvernorat du Sud Sinaï, que le monastère « a le droit d’utiliser » le terrain, qui toutefois « appartient à l’État en tant que propriété publique ».

Lors d’une conversation téléphonique avec le premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, le président égyptien, Abdel Fattah Al Sissi, a déclaré vendredi que l’Égypte était « pleinement engagée à préserver le statut religieux unique et sacré du monastère de Sainte-Catherine et à veiller à ce qu’il ne soit pas violé ».

Selon la Grèce, Kyriakos Mitsotakis a souligné lors de cet appel l’importance de « préserver le pèlerinage et le caractère orthodoxe grec du monastère et de résoudre la question de manière institutionnelle », sur la base d’un accord conclu entre les deux pays. Une délégation grecque doit se rendre en Égypte la semaine prochaine, a ajouté le gouvernement grec.

« Le plus ancien monument chrétien orthodoxe au monde »

Le bureau du président égyptien avait estimé jeudi que la décision de justice « consolidait » le statut du site. Il répondait au chef de l’Église orthodoxe grecque, l’archevêque d’Athènes Mgr Ieronymos, pour qui la décision de justice est « scandaleuse » car en violation des libertés religieuses.

Selon lui, « le plus ancien monument chrétien orthodoxe au monde, le monastère sacré de Sainte-Catherine sur le mont Sinaï foulé par Dieu, entre dans une grande épreuve qui renvoie à d’autres époques sombres ». La région de Sainte-Catherine, qui comprend la ville éponyme et une zone naturelle protégée, fait l’objet d’un développement massif dans le cadre d’un mégaprojet gouvernemental controversé visant à attirer le tourisme de masse.

Certains observateurs estiment que ce projet a porté atteinte à l’écosystème de la réserve naturelle et menace le monastère ainsi que la communauté locale. L’archevêque Ieronymos craint que le monastère ne soit maintenant « saisi et confisqué », malgré « de récentes promesses contraires faites par le président égyptien au premier ministre grec ».

Le ministre grec des affaires étrangères, Giorgos Gerapetritis, a communiqué jeudi avec son homologue égyptien Badr Abdelatty, pour dire « qu’il n’y avait aucune marge pour dévier des accords entre les deux parties, exprimés par les dirigeants des deux pays », en mai à Athènes, a précisé sa porte-parole. Dans une déclaration à l’agence de presse nationale égyptienne, le ministère égyptien des affaires étrangères a assuré de son côté que les rumeurs de confiscation étaient « infondées ».

Le porte-parole du gouvernement grec, Pavlos Marinakis, a noté que « la Grèce exprimera sa position officielle (…) lorsque le contenu officiel et complet de la décision de justice sera connu et évalué », confirmant l’engagement des deux pays à « maintenir le caractère religieux orthodoxe grec du monastère ».

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