Après presque trente ans de gestion, le Stade de France change de mains. Le groupe lyonnais GL Events a annoncé, lundi 12 mai, « avoir été désigné attributaire », par l’État, de la concession d’exploitation du Stade de France pour les trente prochaines années. Après des mois de procédure, le groupe d’événementiel remplace donc officiellement Vinci-Bouygues, concessionnaire historique de l’arène aux 80 000 places.
Depuis son inauguration, la plus grande enceinte sportive française accueille notamment les équipes de France et de rugby. Mais le Stade de France a également accueilli plus de 450 événements et réuni plus de 36 millions de spectateurs en bientôt trois décennies d’existence. Retour sur les jours marquants qui ont fait son histoire.
28 janvier 1998 : l’acte de naissance
« La cathédrale du sport que l’on attendait depuis presque un siècle. » Voilà comment le présentateur du journal télévisé, Daniel Bilalian, désigne l’enceinte inaugurée lors du match amical de football France-Espagne. Ce 28 janvier, le cérémonial est grandiose : un show spectaculaire de 40 minutes, diffusé en direct sur TF1, précède le coup d’envoi.
En plein hiver, la température est glaciale, la pelouse, gelée. Mais dans cette arène qui accueille deux fois plus de spectateurs que le précédent repaire des Bleus, le Parc des Princes, le public est bouillant. Comme l’histoire fait bien les choses, il finit par exulter sur une réalisation de Zinédine Zidane, à jamais le premier buteur de l’histoire du Stade de France.
12 juillet 1998 : le jour de gloire
« Pour l’éternité », titre le quotidien L’Équipe au lendemain du sacre des Bleus dans leur Coupe du monde. Pour la première fois de son histoire, la France est championne du monde de football, à l’issue d’un parcours tumultueux conclu d’une victoire 3-0 face au Brésil, en finale.
Ce soir de juillet 1998, plus de 20 millions de Français assistent à ce sacre devant leur télévision. 80 000 chanceux sont, eux, dans les tribunes du Stade de France, théâtre de la plus belle page de l’histoire du football français.
5 septembre 1998 : l’événement Johnny
Après les Rolling Stones fin juillet, Johnny Hallyday prend ses quartiers au Stade de France. Si le premier concert est annulé pour cause de pluies diluviennes, le deuxième, dans la soirée du 5 septembre, marquera les esprits. Et pour cause, la star arrive sur le toit de l’arène en hélicoptère, sous les acclamations d’une foule chauffée à blanc, avant d’apparaître sur scène.
Une scène mythique, rejouée pour les deux autres représentations, les 6 et 11 septembre 1998. Si Le Parisien révèle finalement que la personne hélitreuillée était une doublure, le spectacle n’en est pas moins grandiose sur le coup.
19 juin 1999 : Céline Dion, la première
Première artiste féminine à se produire au Stade de France, Céline Dion n’a pas fait dans la demi-mesure : une scène centrale trône au milieu de l’arène, offrant une vue à 360 degrés aux 90 000 spectateurs présents les 19 et 20 juin 1999.
En remplissant le stade lors de ces deux concerts, l’artiste québécoise prouve sa popularité et montre que l’enceinte de Saint-Denis ne se limite pas qu’au rock et aux sports, et ouvre la porte à de nombreux artistes qui suivront.
20 septembre 2006 : le grandiose « Ben-Hur »
Bataille navale, combats de gladiateurs et, bien évidemment, course de chars, le Stade de France prend des allures de Colisée avec le spectacle Ben-Hur de Robert Hossein.
La première représentation, le 20 septembre 2006, est un choc. La succession d’immenses tableaux vivants enivre les 60 000 spectateurs présents, qui s’enthousiasment devant la mythique course de chars. Longue de douze minutes, elle mobilise 28 chevaux, sept chars et des dizaines de cascadeurs pour un rendu épique, dans un décor antique époustouflant.
13 octobre 2007 : le rêve brisé du XV de France
Pour la première Coupe du monde de rugby organisée sur son sol, le XV de France est freiné dès le match d’ouverture par l’Argentine (défaite 17-12). Mais en quart de finale, les Bleus réalisent un exploit monumental en terrassant la Nouvelle-Zélande (20-18), grande favorite de la compétition.
Ce 13 octobre 2007, ils s’avancent face aux Anglais devant 80 000 supporters avec l’ambition d’aller au bout de leur compétition. Plombée par un essai encaissé après deux minutes de jeu, la France tombe de haut et s’incline aux portes de la finale. Lors d’une édition 2023 où les observateurs les voyaient l’emporter, les Français s’inclinent en quart de finale devant l’Afrique du Sud, à nouveau au Stade de France.
19 novembre 2013 : le renouveau des Bleus
Depuis la fin de l’année 2006, le niveau et la popularité de l’équipe de France de football sont en chute libre. À tel point qu’elle doit passer par un périlleux barrage face à l’Ukraine si elle veut se qualifier pour la Coupe du monde 2014, au Brésil. Après une défaite 2-0, à Kiev, à l’aller, les hommes de Didier Deschamps sont dos au mur. Aucune équipe n’a jamais remonté un tel score.
Pourtant, lors du match retour, une atmosphère incandescente pousse les coéquipiers d’Hugo Lloris, qui font basculer la soirée dans l’irrationnel : un improbable doublé du défenseur Mamadou Sakho et un but de Karim Benzema propulsent la France vers le Brésil. Lors de cette victoire 3-0, le Stade de France a donné lieu à une fête exceptionnelle, socle de la renaissance bleue.
13 novembre 2015 : la terreur
Une première détonation retentit à la 17e minute du match amical France-Allemagne. Une deuxième, à la 20e. En moins de quarante minutes, trois kamikazes se font exploser autour du Stade de France, après avoir été empêchés d’y pénétrer. Ils font un mort et 63 blessés et lancent une soirée d’horreur dans tout Paris.
L’information, d’abord étouffée, se répand progressivement dans les travées du Stade de France. Médusés, les spectateurs sont mis à l’abri sur la pelouse et les joueurs passeront une grosse partie de la nuit confinés dans les vestiaires. Lors d’Angleterre-France, trois jours plus tard, le stade Wembley (Londres) rend un vibrant hommage aux victimes de ces attentats.
21 mai 2022 : Indochine au sommet
Un feu d’artifice de 2 h 45, 28 titres joués, des invités et, surtout, un record d’affluence étourdissant pour Indochine : 97 036 spectateurs. Jamais le Stade de France n’avait accueilli autant de public.
Pour cet immense show, le groupe a fait installer une scène de 850 mètres carrés et, surtout, le plus grand écran cylindrique jamais utilisé pour un concert, à cette époque. Presque 100 000 personnes ont ainsi pu observer les musiciens, les gros plans sur le public et, pour lancer le concert, une vidéo de l’élection de François Mitterrand, le 10 mai 1981… jour de la création d’Indochine.
7 août 2024 : record d’affluence paralympique
Durant les Jeux olympiques de Paris, l’enceinte accueillait les tournois de rugby à VII (où les Français ont accroché l’or), les épreuves d’athlétisme (une médaille française) et la cérémonie de clôture et faisait le plein quotidiennement. Les Paralympiques, eux aussi, ont été un succès populaire dans l’enceinte : les compétitions de para-athlétisme ont fait vibrer un total de 615 000 spectateurs. La soirée du 7 août a même réuni 67 500 personnes, un record absolu tous Jeux paralympiques confondus.