Cela fait maintenant cinq jours que le débat public, en France, est monopolisé par les suites de l’affaire Griveaux avec son lot de polémiques dérisoires. Il y aurait pourtant beaucoup plus urgent à discuter et surtout à faire. Pendant que nos hommes politiques s’écharpent sur la frontière entre vie publique et vie privée, plusieurs millions de personnes subissent un cauchemar dans l’enclave de Idlib, au nord-ouest de la Syrie. Sans que cela suscite une mobilisation internationale. La haute-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a pourtant exprimé mardi son « horreur » face aux violences dans cette région.
Personne ne peut prétendre être surpris par ce qui se passe. Depuis plusieurs années, les opposants au régime Al Assad ne voulant pas se rendre se sont repliés autour d’Idlib. Le dictateur de Damas ayant entrepris, appuyé par la Russie et l’Iran, de reconquérir cette zone, la dernière du pays qui ne soit pas repassée sous son contrôle, les populations entassées dans la région ont le choix entre subir des bombardements ou fuir là où elles le peuvent. Environ 900 000 déplacés ont été comptabilisés par l’ONU depuis décembre.
Pourquoi l’émotion internationale est-elle si faible ? Sans doute parce que, parmi les rebelles repliés à Idlib, les djihadistes occupent une bonne place. Et la crainte est grande que cette crise ne provoque un nouvel afflux de réfugiés vers l’Europe. On préfère donc détourner le regard alors qu’il faudrait se mobiliser pour obtenir un cessez-le-feu et des couloirs humanitaires permettant de mettre les civils à l’abri des combats. Pour l’heure, ni la France ni aucune autre puissance internationale n’ont élevé la voix en ce sens.