Le président conservateur sud-coréen Yoon Suk Yeol s’accroche au pouvoir jeudi 5 décembre, son parti s’opposant à la motion de destitution qui doit être mise au vote samedi au Parlement, après la tentative ratée du chef de l’État d’imposer la loi martiale sur le pays.
À la stupeur générale, le président a décrété la loi martiale mardi soir et tenté de museler le Parlement en y envoyant l’armée, avant de faire volte-face six heures plus tard sous la pression des députés et des manifestants.
Six partis d’opposition ont déposé mercredi une motion en destitution, accusant le dirigeant d’avoir « gravement violé la Constitution et la loi ». Cette motion sera soumise au vote samedi à 19 h 00 (10 h 00 GMT), selon l’agence de presse Yonhap.
Une enquête ouverte pour « rébellion »
Le Parti démocrate, principale force d’opposition, a annoncé le dépôt d’une plainte contre le président pour « rébellion », un crime théoriquement passible de la peine de mort (laquelle n’est plus appliquée en Corée du Sud depuis 1997). Jeudi, un haut responsable de la police, Woo Kong-suu, a confirmé devant les députés qu’une enquête avait été ouverte.
Selon un sondage publié mercredi par l’agence Realmeter, plus de sept Sud-Coréens sur dix (73,6 %) soutiennent la demande de destitution, contre 24 % qui s’y déclarent opposés et 2,4 % sans opinion.
L’opposition dispose au total de 192 sièges sur 300 à l’Assemblée nationale, les 108 autres députés appartenant au Parti du pouvoir au peuple (PPP) conservateur du président Yoon. La motion devant être adoptée à une majorité des deux tiers, la défection d’au moins huit députés du parti présidentiel sera donc nécessaire pour entraîner la chute de Yoon Suk Yeol.
Démission du ministre de la Défense
Jeudi, le chef de file du PPP au Parlement, Choo Kyung-ho, a affirmé que sa formation voterait contre. « L’ensemble des 108 députés du Parti du pouvoir au peuple resteront unis pour rejeter la destitution du président », a-t-il dit à la presse. Il a toutefois ajouté qu’il avait demandé au président de quitter le parti. Le PPP « n’est pas en train d’essayer de défendre la loi martiale inconstitutionnelle du président », a-t-il assuré.
Si la motion est adoptée, le président sud-coréen sera suspendu de ses fonctions dans l’attente d’une confirmation de sa destitution par la Cour constitutionnelle. Si les juges donnent leur feu vert, il quittera le pouvoir et une nouvelle élection présidentielle devra être organisée sous 60 jours.
Yoon Suk Yeol n’est pas apparu en public depuis son dernier discours à la télévision nationale, mercredi à l’aube, pour annoncer la levée de la loi martiale qu’il avait décrétée la veille au soir. Son secrétariat a indiqué qu’il ne s’exprimerait pas jeudi.
En revanche, jeudi a été annoncée la démission du ministre de la Défense, Kim Yong-hyun, qui fait en outre l’objet d’une interdiction de se rendre à l’étranger décidée par le parquet de Séoul. Mais les autres proches du président, dont le ministre de l’Intérieur Lee Sang-min, restent à leurs postes.
Mercredi, des milliers de Sud-Coréens ont manifesté à Séoul pour réclamer le départ du président. D’autres rassemblements sont prévus jeudi.