Retraites : après l’échec du « conclave », le PS annonce le dépôt d’une motion de censure

Le premier ministre François Bayrou veut recevoir les partenaires sociaux dans la matinée du mardi 24 juin 2025, au lendemain de l’échec du « conclave » sur les retraites.
Le premier ministre François Bayrou veut recevoir les partenaires sociaux dans la matinée du mardi 24 juin 2025, au lendemain de l’échec du « conclave » sur les retraites. Jerome HUMBRECHT / VOSGES MATIN/MAXPPP
Au lendemain de l’échec des discussions du « conclave » sur les retraites, François Bayrou a invité les partenaires sociaux à venir le rencontrer à Matignon dans la journée. Les députés du PS vont déposer une motion de censure contre le gouvernement a annoncé Boris Vallaud.

Le PS annonce une motion de censure contre Bayrou

Les députés PS déposeront une motion de censure contre le gouvernement de François Bayrou, a annoncé mardi 24 juin le chef du groupe socialiste Boris Vallaud, invoquant le refus du premier ministre de s’engager à présenter devant le Parlement un texte qui permettrait de débattre de l’âge de départ à 64 ans.

« Vous avez pris des engagements pas tenus sur ce sujet (…) Cela nous contraint, Monsieur le premier ministre, à déposer une motion de censure contre votre gouvernement », a déclaré Boris Vallaud lors des questions au gouvernement, après l’échec des négociations entre organisations syndicales et patronales.

« Prenez vos responsabilités », lance la CFDT à Bayrou

La secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon a invité François Bayrou à prendre ses « responsabilités » sur le sujet des retraites, en indiquant que les syndicats vont lui transmettre « la liste des blocages » afin qu’il prenne une décision « d’ici à la fin de la semaine ».

Les trois organisations syndicales reçues à Matignon, CFDT, CFE-CGC et CFTC ont convenu de transmettre « la liste des blocages » au premier ministre qui doit « rencontrer les organisations patronales ensuite », a dit Marylise Léon à sa sortie de l’entretien avec François Bayrou. « L’idée est qu’il n’y ait pas de nouvelle séance de négociation, charge au premier ministre de prendre acte et de décider d’ici à la fin de la semaine ce qu’il fait de ce qui est aujourd’hui sur la table ».

Panosyan-Bouvet espère qu’on soit « très près d’un accord »

La ministre du travail Astrid Panosyan-Bouvet a espéré mardi 24 juin à son tour qu’on soit « très près d’un accord » sur les retraites, après la convocation à Matignon des partenaires sociaux au lendemain de l’apparent échec du conclave.

« Beaucoup de choses sont sur la table, que ce soit la mesure d’âge, que ce soit les femmes, que ce soit la gouvernance. Il y a des choses aujourd’hui qui doivent encore être discutées sur la pénibilité avec des avancées des uns et des autres qui ont été considérables », a-t-elle estimé, afin de « terminer ce bout de chemin ».

« Si on réussit ce pari incroyable, on aura montré qu’on peut prendre des décisions difficiles dans un climat qui est apaisé, dans un Parlement qui a une configuration politique qui est extrêmement compliquée aujourd’hui, et ça peut aussi donner des ouvertures sur d’autres sujets comme le financement de la protection sociale qui est anormalement aujourd’hui assise sur le travail », a-t-elle ajouté.

Macron encourage « à aller au-delà des désaccords »

Le président français Emmanuel Macron a appelé mardi 24 juin les partenaires sociaux, qui vont être reçus par François Bayrou, à « trouver une solution » après l’échec du conclave sur les retraites.

« Je les encourage ardemment à savoir aller au-delà des désaccords qui persistent et à trouver ensemble une solution qui soit bonne pour le pays », a-t-il dit, estimant que François Bayrou « a tout à fait raison de s’engager et d’insister sur l’importance d’un accord ».

Raphaël Glucksmann « salue l’attitude de la CPME et de la CFDT »

L’eurodéputé Raphaël Glucksmann, leader de Place publique, a « salué » l’attitude « constructive » de l’organisation patronale CPME et de la CFDT dans la négociation sur les retraites, félicitations dont il a ouvertement exclu le Medef.

« En France, on n’est pas des grands spécialistes du dialogue social (mais) on vit quand même une étape importante et je suis très heureux de saluer l’attitude de la CPME et de la CFDT et des autres syndicats dans leur approche constructive du dialogue sur les retraites », a-t-il lancé à la tribune d’Impact PME, événement autour des PME organisé par la CPME.

« Ce n’est pas le cas du Medef », a-t-il poursuivi. « J’espère que vous allez pouvoir faire atterrir » (la négociation), a-t-il ajouté. « Vous êtes l’avenir de l’économie française », et « il serait bon que votre représentativité soit accrue, parce qu’en fait, on ne peut pas être constamment sous la pression d’un groupe qui ne représente pas l’ensemble des entreprises françaises », a conclu le responsable politique à l’adresse de son auditoire.

Le PS « ira vers la censure » si Bayrou ne saisit pas le Parlement

Après l’échec du conclave sur les retraites, le Parti socialiste « ira vers la censure » du gouvernement si François Bayrou ne donne pas le dernier mot au Parlement, a prévenu le premier secrétaire du PS Olivier Faure.

« François Bayrou s’était engagé par écrit à ce que le Parlement ait le dernier mot. Si le Parlement n’est pas saisi, si nous n’avons pas la possibilité de déposer des amendements qui permettraient de définir quelles seraient les conditions d’un retour à l’équilibre en échange d’un retour à 62 ans, effectivement, nous irons vers la censure », a déclaré Olivier Faure sur BFMTV/RMC.

« Il faut que le dialogue social se poursuive » affirme le Medef

Le patron du Medef Patrick Martin a affirmé que l’organisation patronale ira « bien sûr » à Matignon où le premier ministre a invité les partenaires sociaux ayant participé au conclave sur les retraites à une réunion mardi.

« Il est important de tenir le dialogue avec les syndicats, avec le gouvernement lui-même. Cette affaire n’est pas la fin du monde, elle est importante (le conclave, NDLR). Mais au regard de l’actualité, on mesure la relativité de ce sujet. Ça n’enlève rien à la conviction que j’ai avec le Medef qu’il faut que le dialogue social se poursuive et que la démocratie sociale occupe tout son champ », a déclaré Patrick Martin sur franceinfo.

Selon le président du Medef, la négociation avec les syndicats a notamment achoppé sur le dispositif des carrières longues, qui permet de partir plus tôt que l’âge légal si on a commencé a travaillé tôt, et que le patronat voulait restreindre pour financer notamment des mesures en faveur des femmes.

La CPME répond « bien évidemment » présent au rendez-vous de Bayrou

La CPME, deuxième organisation patronale, ira « bien évidemment » à la réunion convoquée par François Bayrou sur les retraites, « avec la volonté de trouver un accord », selon son président Amir Reza-Tofighi.

« On sera au rendez-vous, pour qu’on puisse aider à trouver une voie de passage », a indiqué Amir Reza-Tofighi sur BFM Business, au lendemain de l’échec du conclave sur les retraites, alors que le premier ministre François Bayrou souhaite recevoir dans la matinée les partenaires sociaux pour tenter de trouver une solution.

La CGT veut participer aux discussions

La leader de la CGT, Sophie Binet, a estimé mardi 24 juin que « la CGT et Force ouvrière doivent être invitées » à Matignon par le premier ministre, qui recevra dans la journée les partenaires sociaux après l’échec du conclave sur les retraites. « Le premier ministre doit inviter l’ensemble des organisations représentatives » à Matignon, a jugé mardi la syndicaliste interrogée sur RMC, y compris la CGT et FO qui avaient pourtant quitté le « conclave » rapidement.

Malgré son intervention, ni le FO ni la CGT ne sont invités à Matignon pour 12 heures.

La CFDT se rendra à Matignon

La Numéro 1 de la CFDT, Marylise Léon a annoncé qu’elle se rendra à Matignon à la rencontre avec les partenaires sociaux organisée par le premier ministre François Bayrou après l’échec du conclave sur les retraites.

La secrétaire générale de la CFDT s’est dite d’accord pour « avoir cette explication de texte » à Matignon, « qui ne soit pas un règlement de comptes ». « On ne va pas être en négociation avec le premier ministre », a précisé la syndicaliste qui a pointé les « lourdes responsabilités » du patronat dans l’échec des négociations sur les retraites.

De « nombreux points d’accords » possibles, assure Bayrou

François Bayrou ne se satisfait pas en effet de l’échec « si près du but ». Il liste « les nombreux points d’accords qui étaient sur le point d’être actes », tel que l’amélioration du calcul de la retraite pour les mères de famille, l’âge auquel partir à taux plein, plusieurs principes de financement ou encore, le changement de gouvernance des retraites du secteur privé.

Le chef du gouvernement salue « le travail approfondi, en dehors de toute intervention du gouvernement » et la médiation de Jean-Jacques Marette, qui a permis de passer « de l’affrontement au travail en commun ».

François Bayrou doit recevoir les partenaires sociaux dans la matinée

Dans une conférence de presse à Matignon mardi à 7 heures, le premier ministre a annoncé qu’il allait recevoir les partenaires sociaux dans la matinée. « Notre devoir est de ne pas baisser les bras et de tout faire pour dépasser un tel blocage » s’est-il exprimé.

Les trois syndicats, CFDT, CFTC et CFE-CGC seront reçus ensemble vers 12 heures, puis les représentants du patronat, Medef et CPME, seront également reçus conjointement, selon les services du premier ministre.

Lundi 23 juin, jusque tard dans la soirée, patronat et syndicats ont tenté de trouver un accord pour aménager la réforme des retraites de 2023, sans succès.

OSZAR »