Il est surnommé « Monsieur Everest ». L’alpiniste népalais Kami Rita Sherpa a atteint le sommet de la plus haute montagne du monde pour la 31e fois mardi 27 mai, battant son propre record. « Félicitations au légendaire Kami Rita Sherpa ! », a déclaré dans un communiqué son employeur Seven Summit Treks. Il a « non seulement atteint le sommet lui-même, mais il (a) également conduit et guidé les derniers membres de l’équipe jusqu’au bout », a ajouté l’entreprise, précisant que Kami Rita Sherpa accompagnait une expédition de l’armée indienne.
Guide de montagne depuis plus de 20 ans, Kami Rita Sherpa est né en 1970 dans le village de Thame, un village de l’Himalaya. Il grandit dans la vallée à regarder son père, puis son frère, partir en expédition en tant que guides de montagne, avant de marcher sur leurs traces. Il se hisse pour la première fois sur le « Toit du monde », culminant à 8 849 mètres d’altitude, lors d’une expédition commerciale en 1994.
« Un symbole mondial de l’Everest »
Aujourd’hui âgé de 55 ans, il a grimpé l’Everest presque chaque année, réalisant l’exploit de l’atteindre deux fois en l’espace de six jours en 2019. « Je suis heureux de ce record, mais les records finissent par être battus », avait-il déclaré suite à sa 29e expédition en 2024. Il compte également d’autres sommets de plus de 8 000 mètres à son palmarès, dont le K2 au Pakistan, deuxième plus haute montagne au monde.
« Il n’est pas seulement un héros national, mais un symbole mondial de l’Everest lui-même », poursuit Seven Summit Treks. Il est vrai que, dans son pays, Kami Rita Sherpa est considéré comme un « trésor national ». Pourtant, pour lui, ces ascensions font simplement partie de son travail, a-t-il confié à la presse.
Himal Gautam, directeur de la section alpinisme et aventure au sein du ministère du tourisme népalais, souligne néanmoins que le record établi par Kami Rita Sherpa « contribue à permettre à l’alpinisme du pays d’atteindre de nouveaux sommets ». Cette année, plus de 500 alpinistes et leurs guides ont déjà réussi l’ascension de l’Everest depuis le début de la saison, selon le département du tourisme du Népal.
Foi bouddhiste et rapport à la montagne
Originaires du Kham, une province située dans le sud-est du Tibet, les sherpas (du tibétain « shar » et « pa » : « peuple de l’est ») sont arrivés au Népal vers le milieu du XVIe siècle et représentent aujourd’hui 0,7 % de la population du pays. Tel Kami Rita, ils sont nombreux à travailler comme guides sur le mont Everest, depuis les premières expéditions himalayennes au début du XXe siècle. En équipe avec le Néo-Zélandais Sir Edmund Hillarye, le sherpa Tenzing Norgay est le premier à conquérir l’Everest le 29 mai 1953.
Ces jeunes hommes effectuent, entre autres, le travail dangereux d’installer les cordes et les échelles que les alpinistes utilisent pour atteindre le sommet, de construire et gérer les camps, et de transporter des effets personnels et des fournitures vitales, comme des bouteilles d’oxygène supplémentaires. Être sherpa exige une connaissance approfondie de la montagne et de ses dangers, une condition physique exceptionnelle, ainsi qu’une endurance hors du commun. Rémunérés environ 4 000 € par ascension, la plupart n’en réalisent qu’une seule par an.
Leur foi bouddhiste imprègne par ailleurs profondément leur rapport à la montagne, perçue non comme un simple défi physique, mais comme un espace sacré. Ancrée dans leur quotidien, cette spiritualité valorise la non-violence, le respect de toute vie, et forge une approche respectueuse de l’alpinisme, tout en soulignant l’importance de la discipline physique.