La restauration collective au menu du plan de relance

Photo d’illustration : en France, de la crèche à l’université, des maisons de retraire aux hôpitaux, un repas sur deux est pris en restauration collective.
Photo d’illustration : en France, de la crèche à l’université, des maisons de retraire aux hôpitaux, un repas sur deux est pris en restauration collective. MARTIN BUREAU / AFP
Les 50 millions prévus pour soutenir ce secteur essentiel pour lutter contre la précarité alimentaire et soutenir la transition écologique ? « Un premier pas insuffisant », alertent le Secours catholique, la Fondation Nicolas Hulot et le réseau Restau’co.

Le plan de relance gouvernemental n’a pas oublié la restauration collective, secteur durement affecté par la crise du coronavirus, notamment durant la période de confinement entre mars et mai.

Dans le projet de loi de finance actuellement débattu à l’Assemblée nationale, une enveloppe de 50 millions d’euros sur deux ans est ainsi prévue pour soutenir les cantines maternelles et élémentaires de 1 500 petites communes.

Un premier pas insuffisant

Un « premier pas » jugé insuffisant par le Secours catholique, la Fondation Nicolas Hulot (FNH) et le réseau interprofessionnel Restau’Co qui réclament aux pouvoirs publics de revoir leurs ambitions à la hausse pour mieux répondre « aux urgences, tant en termes de précarité alimentaire que de transition agricole et écologique ».

« Pour couvrir une majorité d’établissements, comme les lycées, les collèges, les universités, les hôpitaux et les Ehpad, nous évaluons le montant des aides nécessaires à 330 millions d’euros par an sur trois ans », souligne Caroline Faraldo, responsable Agriculture et Alimentation à la FNH.

Un effort budgétaire conséquent mais qui permettrait, selon les associations, de « permettre au plus grand nombre d’avoir accès à une alimentation saine et de qualité. »

En France, de la crèche à l’université, des maisons de retraire aux hôpitaux, un repas sur deux est pris en restauration collective, secteur qui contribue fortement à réduire la précarité alimentaire, véritable défi pour le pays.

Un levier pour la transition agricole

« En 2019, 5,5 millions de personnes ont eu recours à l’aide alimentaire et l’on s’attend à ce qu’elles soient 8 millions à la fin de 2020, soit 12 % de la population française », alerte le Secours catholique.

L’enjeu n’est pas que social. « La restauration collective est aussi un formidable levier pour activer la transition agricole et alimentaire dans les territoires », ajoute Caroline Faraldo.

Dans cette optique, la loi EGalim adoptée il y a deux ans avait fixé un objectif fort de 50 % de produits de qualité, dont au moins 20 % de bio, pour la restauration collective d’ici à 2022. « Or, 78 % des restaurants collectifs estiment qu’ils n’arriveront pas à atteindre cet objectif sans financement adéquat », souligne une enquête menée en 2019 par Restau’co et la FNH.

La même enquête précise qu’en luttant contre le gaspillage, en introduisant des menus végétariens et en favorisant le travail de produits bruts et de saison, il suffirait d’une aide de 33 centimes par repas pendant 3 ans pour y parvenir, sans surcoût pour les usagers. D’où les 330 millions par an réclamés.

Dépasser les clivages partisans

« Nous espérons maintenant que notre proposition sera relayée et appuyée par les parlementaires de tous bords qui discutent du projet de loi de finance car ce sujet dépasse les clivages partisans », plaide Caroline Faraldo.

Un appel déjà entendu par le député de Meurthe-et-Moselle, Dominique Potier (Socialiste) qui doit déposer ce vendredi 16 octobre - Journée mondiale de l’alimentation, tout un symbole - un amendement en ce sens devant la commission des finances.

Celle-ci se réunira le 20 octobre puis le 22 pour dire si l’amendement est retenu, ou non, pour un examen en séance. Son adoption dépendra beaucoup du soutien apporté par le ministère de l’agriculture et de l’alimentation.

« Le ministre Julien Denormandie s’est dit sensible à la question, qui est un enjeu clé pour la filière agricole », souligne la FNH. Reste à savoir si cette marque d’intérêt se transformera en engagement ferme pour passer à l’action concrète.

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