Dans les allées des grandes surfaces, les rangées de cahiers, agendas, trousses à l’effigie des héros des plus jeunes s’alignent comme à chaque rentrée. Pourtant, elles pourraient moins facilement trouver preneur. Car les parents sont partagés entre une inquiétude face à l’inflation galopante, et l’envie d’être « écoresponsables ».
C’est du moins ce qui ressort de l’étude annuelle de la Confédération syndicale des familles (CSF) et de celle de Familles de France. Les deux associations ont examiné le panier moyen de la rentrée. Leur constat est net : celui-ci sera moins garni et beaucoup d’élèves s’apprêtent à réutiliser une partie de leur matériel.
Limiter les « achats plaisirs »
Exemple chez Stéphanie, dont le fils rentre en CM1 à Paris. Elle ne compte pas suivre à la lettre la liste des fournitures communiquée par l’établissement et a donc organisé une séance de tri des crayons avec son fils. Tous ceux qui marchent encore ont pris place dans une trousse lavée de frais. Bien que dépareillés, ils composent un arc-en-ciel très présentable pour la rentrée, estime la mère de famille. Quant au cartable, malgré un léger accroc, il s’apprête à faire un an de plus. Reste certains cahiers à peine entamés, « comme celui de poésie, dont seules quelques pages sont noircies », estime-t-elle. Il sera réutilisé cette année.
Comme elle, « les familles regardent attentivement ce qu’elles dépensent, limitent les “achats plaisirs” et privilégient parfois le prix au détriment de la qualité. Un euro reste un euro », résume la CSF. Après plusieurs années de hausse continue, les dépenses de la rentrée devraient baisser de 2,64 % en 2022, estime l’association.
Plus de 400 € pour un lycéen
Dans le détail, le coût moyen oscille entre 162,64 € (– 9,97 %) pour un enfant en maternelle et 414,87 € (– 2,49 %) pour un lycéen de seconde générale. Il baisse dans toutes les classes, sauf pour certaines filières de l’enseignement technique, comme le bac pro industriel (703,24 €, en hausse de 0,62 %). De son côté, Familles de France compare à liste de fournitures constante, les dépenses engendrées par une rentrée en sixième. Calculé ainsi, le coût augmente de 8,3 % cette année, à 205,81 €.
À cette somme qui inclut les fournitures, mais aussi les tenues de sports ou encore les frais administratifs, « il faut ajouter les transports scolaires, les cantines et les équipements numériques notamment », insiste Eric Labastie, secrétaire général de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE).
À Saint-Fromente Saint-François, l’établissement lyonnais que dirige Delphine Marais, on joue déjà l’économie. Ici, la question que les enseignants doivent désormais se poser quand ils composent leurs listes se résume à : « est-ce vraiment utile ? » Les cahiers de leçons d’anglais, de maths et de français durent désormais deux ans. « Le nombre de livres a aussi beaucoup réduit. Les élèves n’ont plus de manuels d’histoire-géo ou de sciences : tout passe par le tableau numérique », illustre-t-elle. De plus, dans cet établissement catholique sous contrat, les parents peuvent recourir à une commande groupée, « qui permet d’avoir les fournitures au prix de gros, plus avantageux ». Même l’agenda est acheté par l’établissement, le même pour tous, « et facturé 5 € seulement aux familles ».
Les listes devront être plus resserrées
Cette gestion au plus serré pourrait devenir la norme. Elle est désormais encouragée par les pouvoirs publics. Dans une circulaire qui prendra pleinement effet à la rentrée 2023, le ministre de l’éducation nationale Pap Ndiaye impose une vigilance accrue de chaque établissement. « Désormais, les listes devront être définies par toute la communauté éducative, c’est-à-dire les professeurs et les parents, et plus resserrées », salue Eric Labastie. Aujourd’hui, à l’inverse, des disparités très importantes existent selon les établissements, comme le montre encore la CSF, qui compare, par exemple, trois listes de CP, allant de 4 à 85 articles…
Avec des répercussions sonnantes et trébuchantes qui devraient s’accentuer, car les prix devraient s’envoler au fil de l’année. « Ceux qui sont affichés en cette rentrée restent raisonnables car ils ont été négociés par les grandes enseignes en janvier dernier, avant l’inflation. Ils s’envoleront plus tard dans l’année », alerte Eric Labastie. Dans cette perspective, la revalorisation de 4 % de l’allocation de rentrée scolaire (ARS), arrachée lors de l’examen de la loi sur le pouvoir d’achat, constitue une bonne nouvelle selon lui, « même si elle sera versée en deux temps ». Les familles éligibles recevront un premier versement à compter de ce mardi 16 août – de 380 € à taux plein pour deux enfants – puis un second de 15 €, correspondant à cette hausse de 4 %, en octobre.