Éditorial

Face à Donald Trump et Elon Musk, l’Europe devra résister au tournis

Jean-Christophe Ploquin
Rédacteur en chef
Jean-Cristophe Ploquin, rédacteur en chef à La Croix.
Jean-Cristophe Ploquin, rédacteur en chef à La Croix. Maxime Matthys
La stratégie de communication de Donald Trump et de son entourage vise en permanence à déstabiliser ses interlocuteurs. Mais les grandes lignes de ses prochaines actions, après son investiture, ont été clairement tracées durant la campagne électorale. L’Europe aura du mal à tirer son épingle du jeu.

Donald Trump n’est pas encore installé à la Maison-Blanche que déjà il donne le tournis. Ses déclarations à l’emporte-pièce sur l’annexion du Groenland ou du canal de Panama confortent son image d’homme imprévisible et sans tabou. Sa stratégie de communication extravertie est en outre dupliquée par des membres de son entourage, comme Elon Musk. Dans le flot de messages diffusés sur les réseaux sociaux, les cibles se succèdent – le chancelier allemand Olaf Scholz ou le premier ministre britannique Keir Starmer. Des messages contradictoires sont délivrés à quelques heures d’intervalle : Donald Trump a ainsi promis de sévères mesures commerciales contre la Chine avant d’inviter le président Xi Jinping à sa cérémonie d’investiture.

Cette communication virevoltante est délibérée. Elle vise à déstabiliser les interlocuteurs des États-Unis pour accroître les possibilités de prendre l’avantage. Car, non, Donald Trump n’est pas irrationnel. Il a été élu en s’imposant dans l’électorat américain comme le porte-parole d’une contestation revancharde de l’establishment politique et financier, et comme le pourfendeur d’un ordre international fondé sur le libre-échange qui a défavorisé de larges pans de l’économie de son pays. Une fois au pouvoir, il agira très vite sur les deux sujets qui lui ont permis de gagner : le pouvoir d’achat et l’immigration. Quant aux relations internationales, ses priorités sont claires : maintenir la prééminence des États-Unis ; contenir la Chine ; desserrer la contrainte des alliances politico-militaires – notamment l’Otan ; et développer une diplomatie pro-hydrocarbures, ce qui devrait conduire à un réengagement au Moyen-Orient.

Et l’Europe ? Donald Trump veut la réduire à une terre d’opportunités pour les intérêts américains. Si elle veut résister, elle devra serrer les rangs et s’organiser pour maîtriser l’avenir de notre continent.

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