Affaire Squarcini : 4 ans de prison requis contre l’ex-grand flic

L’ex-patron du renseignement français Bernard Squarcini au palais de justice de Paris, le 18 février 2014
L’ex-patron du renseignement français Bernard Squarcini au palais de justice de Paris, le 18 février 2014 FRANCOIS GUILLOT / AFP/Archives
Le procureur a requis, jeudi 28 novembre au soir, quatre ans d’emprisonnement avec sursis et 300 000 € d’amende contre Bernard Squarcini, ex-patron du renseignement intérieur, soupçonné d’avoir usé de ses réseaux policiers pour obtenir des informations confidentielles au profit, en particulier, du groupe LVMH.

L’accusation a requis jeudi 28 novembre au soir 4 ans d’emprisonnement avec sursis et 300 000 € d’amende contre l’ex-patron du renseignement intérieur Bernard Squarcini, soupçonné d’avoir usé de ses réseaux policiers et privilèges pour obtenir des informations confidentielles au profit, en particulier, du groupe de luxe LVMH.

Dans cette affaire à tiroirs, le procureur a réclamé contre neuf autres hommes des peines allant de quatre mois à deux ans de prison avec sursis, assorties selon les cas d’amendes allant jusqu’à 100 000 €. Ces réquisitions sont intervenues au soir de l’audition du PDG du groupe de luxe Bernard Arnault, cité comme témoin par les avocats du journaliste et député François Ruffin.

Bernard Squarcini, 68 ans, qui a dirigé la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI, devenue DGSI) entre 2008 et 2012, est un « haut fonctionnaire émérite, poursuivi devant vous pour des faits extrêmement graves », a estimé le procureur, qui a aussi demandé cinq ans d’interdiction professionnelle et de fonction publique.

Le représentant du parquet a notamment requis la condamnation de Bernard Squarcini et de quatre de ses coprévenus pour avoir réalisé une rocambolesque opération de surveillance de François Ruffin et du journal Fakir, entre 2013 et 2016, pour le compte de LVMH.

À l’époque, celui qui a depuis été élu député tournait le film « Merci patron ! » et il prévoyait d’interpeller Bernard Arnault lors des assemblées générales du groupe de luxe.

Une « infiltration » de journal Fakir

« Je suis frappé par l’amnésie générale qui semble avoir atteint un grand nombre des prévenus », a déclaré le procureur, pour qui il y a dans le dossier des « éléments objectifs » – interceptions de conversations téléphoniques, SMS, mails, rapports, trombinoscopes – qui établissent une « surveillance » et une « infiltration » de Fakir par deux personnes, avec une « collecte frauduleuse de données personnelles ».

Il a aussi estimé que Bernard Squarcini devait être sanctionné pour avoir missionné des agents de la DCRI en 2008 afin de débusquer un homme qui voulait faire chanter Bernard Arnault, ainsi que pour avoir obtenu des informations secrètes auprès de policiers, notamment sur l’affaire Cahuzac ou sur une plainte d’Hermès contre Vuitton, ou encore des documents administratifs, la facilitation de procédures de passeports et visas…

« Il apparaît clairement que » le contrat de 2,2 millions d’euros liant sa société Kyrnos et LVMH « était prévu pour rémunérer autre chose que les compétences de Bernard Squarcini en termes de renseignement, l’“autre chose étant le trafic d’influence », a-t-il déclaré.

Les avocats de Bernard Squarcini, qui s’est défendu à la barre de toute infraction, doivent plaider vendredi.

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