Explication

Influenceur, un vrai métier

Avec son compte Instagram, Pauline Privez séduit 137 000 abonnés.
Avec son compte Instagram, Pauline Privez séduit 137 000 abonnés. PaulineFashionBlog.com
La France compte environ 150 000 influenceurs aux profils variés. S’ils ne sont encore représentés par aucun syndicat ou association, leur professionnalisation émerge.

Avec ses tons pastel et ses images soigneusement élaborées, le compte Instagram de Pauline Privez séduit 137 000 abonnés. Principalement des femmes, qui pour certaines, la suivent depuis l’ouverture de son blog, en 2009. «J’ai commencé à partager ma passion pour la mode à la fin de mes études, raconte cette diplômée de sciences politiques, passée par la fonction publique hospitalière. Je n’aurais jamais imaginé en faire mon métier…»

ANALYSE. Les influenceurs et la publicité, des pratiques à surveiller

Pourtant, depuis presque dix ans, cette mère de famille de 37 ans vit de la création de contenus sur Internet en réalisant toutes sortes de partenariats avec des marques. « Je n’ai pas à en rougir, car je prends beaucoup de soin à écrire et réaliser mes photos », confie celle qui travaille désormais avec un agent et des prestataires (pour les photos, la logistique…).

À l’école de l’influence

Le quotidien studieux de Pauline tranche avec l’image des influenceurs véhiculée par certaines personnalités issues de la téléréalité, qui utilisent une notoriété vite acquise de manière peu scrupuleuse. «Ils ne représentent que 500 des 150 000 influenceurs, prévient Guillaume Doki-Thonon, président de Reech, entreprise experte dans l’influence. Cet effet de loupe fait beaucoup de mal à l’image des influenceurs qui sont avant tout des passionnés dans leur domaine. »

→ ENTRETIEN. « L’influence coûte moins cher que la publicité traditionnelle »

Il souhaite aussi briser l’idée selon laquelle cette activité ne nécessite pas de compétences particulières. « Pour lancer sa chaîne sur YouTube, il faut maîtriser les logiciels de montage, gérer ses partenariats, définir ses tarifs. L’influenceur doit agir comme un entrepreneur. » La plupart facturent leur service comme autoentrepreneurs ou artistes-interprètes.

C’est dans ce contexte qu’est née l’École du marketing d’influence à Paris, dont la première promotion réunit depuis le mois dernier trente étudiants titulaires d’un bac +2. « L’influence est devenue un écosystème avec beaucoup d’argent et de nouveaux métiers qui ont besoin de se structurer », constate Frédéric Abecassis, directeur de cette formation en alternance adossée à l’ISCPA, école de communication, de journalisme et de production.

Nouveaux métiers

Les étudiants sont formés à la communication, la maîtrise des réseaux sociaux et les règles éthiques sur Internet. « On veut leur apprendre à refuser un partenariat qui ne corresponde pas à leur valeur, par exemple », fait valoir Frédéric Abecassis. Tous ne deviendront pas influenceurs mais pourront exercer un métier connexe : agent d’influence, concepteur rédacteur, «social media manager »… Autant de nouveaux métiers pour un secteur en pleine croissance.

« La pandémie avait mis un coup d’arrêt à certains projets mais c’est reparti de plus belle », confirme Pauline Privez qui refuse, chaque semaine, de nouvelles demandes de partenariats. « Les contenus sponsorisés ne représentent pas la majorité de ce que je publie, précise-t-elle. Pas question de me transformer en téléachat 2.0. » C’est sans doute la clé de sa longévité.

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