Auditionnée ce 6 mai par les sénateurs de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable, la patronne de la RATP, Catherine Guillouard, a évoqué la « course contre la montre » dans laquelle le groupe est engagé pour se préparer au 11 mai. Une journée à haut risque pour ce réseau qui assure en temps ordinaire 12 millions de voyages par jour.
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Comme la plupart des opérateurs de transports, la RATP n’a appris que le 28 avril qu’elle devrait faire respecter une distance physique entre les usagers en plus du port du masque. Selon Catherine Guillouard, cela signifie que les bus et les métros ne pourront être remplis qu’à 15 % de leur capacité normale ! « Dès le 11 mai, nous allons mettre en œuvre le maximum » en termes d’offres de rames et de véhicules, a-t-elle indiqué aux sénateurs.
La grande inconnue
Concrètement, cela signifie une moyenne de 75 % de l’offre habituelle de métro, voire 85 % sur une ligne très saturée comme la 13. Avant le 28 avril, la RATP comptait n’assurer que 70 % de son programme normal.
Comme tous les opérateurs, la RATP croise les doigts pour que les réseaux ne soient pas submergés. « La grande inconnue » du déconfinement sera l’ampleur des flux de voyageurs, s’inquiète la patronne de la RATP qui souhaite une action des entreprises pour réduire « drastiquement » le nombre de salariés devant emprunter les transports publics. Elle se dit d’ailleurs favorable à une attestation obligatoire des employeurs pour que les salariés puissent emprunter le réseau.
Accord avec les entreprises
À noter qu’un accord devait être signé ce 6 mai entre la région Île-de-France, le Medef et la CPME franciliens, la Chambre régionale de métiers et de l’artisanat ou encore la Chambre de commerce et d’industrie Paris-Île-de-France pour minimiser les flux de voyageurs.
Il s’agit entre autres de privilégier le télétravail à 100 % la première semaine du déconfinement. Pour les salariés obligés de se déplacer sur leur lieu de travail, l’accord prévoit aussi un étalement des horaires par tranches d’une heure entre 5 h 30 et 10 h 30 et des départs entre 15 h 30 et 19 h 30.
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En cas d’affluence, Catherine Guillouard n’a pas écarté l’idée de devoir fermer quelques stations de métro si les conditions de sécurité n’étaient pas remplies. Une grosse cinquantaine le sont déjà en cette période de confinement. « On ne peut pas évidemment s’engager sur le respect permanent et en tout point des distances de sécurité, vu la taille du réseau », a-t-elle d’autre part indiqué.
Des nouveaux procédés de nettoyage
La RATP va déployer 3 000 agents pour canaliser les flux, mais sa patronne a insisté sur le besoin de renforts, notamment des forces de l’ordre. Elle estime avoir besoin de 1 500 à 5 000 personnes supplémentaires, selon les différents scénarios de reprise élaborés.
Catherine Guillouard a rappelé que le réseau de la RATP était l’un des plus denses d’Europe avec ses 368 stations de métro et de RER, ses 4 700 bus et leurs 12 300 arrêts.
La RATP est par ailleurs mobilisée sur le nettoyage des matériels roulants. Les bus subissent une désinfection journalière et l’entreprise est en train de tester un nouveau procédé par brumisation de particules virucides. Un procédé plus compliqué à mettre en place dans les rames de métro. Au total, les matériels devraient être nettoyés deux fois plus qu’avant la crise. Le budget afférent devrait d’ailleurs passer de 90 millions d’euros en 2019 à 160 millions en 2020 !