Terminé, les élèves isolés, les classes closes et les établissements fermés en cas de Covid-19 ? Le protocole sanitaire mis en place dans les écoles et les crèches depuis la rentrée devrait être assoupli, d’après les annonces faites par le ministre de la santé, Olivier Véran, jeudi 17 au soir. « Les enfants doivent aller à l’école et il n’y a pas lieu de renvoyer les élèves chez eux, voire de fermer des établissements entiers à la première alerte », a martelé le ministre. Près de trois semaines après la rentrée, 81 établissements scolaires et un peu plus de 2 100 classes étaient fermés au 18 septembre, en raison de cas de Covid-19.
Des enfants moins contaminés et moins contaminants
Ce changement de cap s’appuie sur un nouvel avis rendu par le Haut Conseil de la santé publique. « Les enfants jeunes sont peu à risque de forme grave et peu actifs dans la chaîne de transmission du SARS-CoV-2 », peut-on lire dans le rapport, publié jeudi 17 septembre. Le risque de transmission existe surtout « d’adulte à adulte et d’adulte à enfant », rarement « d’enfant à enfant ou d’enfant à adulte » précise également le texte. Pour le HCSP, « les expositions et les transmissions surviennent principalement en intrafamille ou en cas de regroupements sociaux avec forte densité de personnes hors établissements scolaires ».
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Message reçu par le gouvernement. Un enfant testé positif sera désormais isolé chez lui durant 7 jours, mais ne provoquera pas l’isolement de ses camarades, qui continueront à aller à l’école, même s’ils l’ont côtoyé. Et un enseignant de maternelle ou de primaire portant un masque et ayant côtoyé un élève non-masqué positif au Covid-19 ne sera plus considéré comme un cas contact ni renvoyé chez lui.
Un schéma évidemment remis en cause en cas de « chaîne de transmission manifeste », c’est-à-dire « si plusieurs enfants d’une même classe étaient positifs », a précisé Olivier Véran. Reste à dénombrer ce « plusieurs ». Actuellement, une classe est fermée à partir de trois cas de contaminations dans une même classe. Un établissement, lui, à partir de trois cas confirmés, dans des classes et des niveaux différents.
Le risque de l’immunité globale ?
Chez les médecins, ces annonces sont diversement accueillies. « Un enfant a besoin d’aller à l’école ! Les bénéfices éducatifs et sociaux qu’elle apporte sont très supérieurs aux risques d’une éventuelle contamination Covid-19 de l’enfant en milieu scolaire », ne cesse de rassurer le docteur Robert Cohen, vice-président de la société française de pédiatrie. « Les études menées dans différents pays concordent : les enfants peuvent attraper le virus, mais beaucoup moins que les adultes ». Les infections pédiatriques qui nécessitent une hospitalisation sont rares et représentant « 1 % de l’ensemble des hospitalisations liées au Covid-19 », précise-t-on par ailleurs à la SFP, martelant que « moins contaminés, les enfants sont aussi moins contaminants. »
Un optimisme que Jérôme Marty, médecin généraliste et président de l’Union française pour une médecine libre, ne partage pas. « Le gouvernement essaie de relâcher la vis dans les lieux qui lui semblent moins à risque », comprend-il. Mais pour lui et de nombreux confrères, l’école n’est pas de ceux-là. « L’école est une zone de transmission importante du virus, et il faut donc renforcer le protocole sanitaire, non l’alléger, oppose Jérôme Marty. Nier cela, c’est oublier les spécificités de l’école à la française : une densité d’élèves dans des petites classes ; des salles difficiles à ventiler et des élèves qui se déplacent entre les salles. Sans le dire, j’ai l’impression que le gouvernement tente de jouer le jeu de l’immunité globale. C’est risqué. »
Le ministère de l’éducation nationale devait préciser, dans les prochains jours, les modalités concrètes de cet assouplissement.