Procès « P. Diddy » : derrière le glamour, la face sordide d’une superstar de la musique

Le procès pour trafic sexuel du rappeur Sean Combs (ici en 2022), figure incontournable de l’industrie musicale américaine, s’ouvre ce lundi 5 mai 2025 aux États-Unis
Le procès pour trafic sexuel du rappeur Sean Combs (ici en 2022), figure incontournable de l’industrie musicale américaine, s’ouvre ce lundi 5 mai 2025 aux États-Unis Jordan Strauss / Jordan Strauss/Invision/AP
Le procès du rappeur Sean Combs, figure incontournable de l’industrie musicale américaine, s’ouvre ce lundi 5 mai aux États-Unis, et risque d’ébranler le monde du show-business outre-Atlantique. P. Diddy est accusé d’avoir organisé pendant des décennies un réseau de trafic sexuel.

Il est accusé d’avoir organisé pendant des décennies un réseau d’emprise impliquant drogues, proxénétisme et violences. Le procès pour trafic sexuel du rappeur Sean Combs, plus connu sous les pseudonymes Puff Daddy ou P. Diddy, s’ouvre ce lundi 5 mai aux États-Unis, et risque d’ébranler le monde du show-business américain.

Figure incontournable du hip-hop mondial, Sean Combs cofonde en 1993 le label Bad Boy Records, qui révèle plusieurs stars majeures du rap, dont The Notorious B.I.G. Il connaît également un succès planétaire en solo avec I’ll Be Missing You, mais sa carrière est rapidement entachée par des affaires de violence. En 1999, il est impliqué dans une fusillade dans une boîte de nuit à New York. Inculpé pour possession d’arme et tentative de corruption, il sera finalement acquitté.

Entrepreneur avisé, Sean Combs rebondit et étend dans les années 2000 son influence au-delà de la musique avec une marque de vêtements, une chaîne TV et une marque de vodka en partenaria. Il se produit au Super Bowl en 2004, remporte trois Grammy Awards, obtient une étoile sur le Walk of Fame en 2008 et, en 2017, devient la célébrité la mieux payée selon Forbes.

Inculpation pour trafic sexuel

En 2023, tout s’écroule. Le 16 novembre, la chanteuse Cassie Ventura, son ex-compagne, dépose plainte contre lui pour viols, coups et abus prolongés. Quelques mois plus tard, la chaîne CNN diffuse une vidéo de surveillance datant de 2016 dans laquelle Sean Combs est vu frappant violemment la jeune femme dans un couloir d’hôtel.

Si l’affaire est rapidement réglée par un accord confidentiel, elle ouvre la voie à une vague de plaintes : des dizaines d’hommes et de femmes, parfois mineurs au moment des faits présumés, accusent Sean Combs de viols, violences et abus sous l’emprise de drogues. Deux lois new-yorkaises, l’Adult Survivors Act et la Victims of Gender Motivated Violence Protection Law, promulguées en 2022 et 2023 et qui permettent aux victimes présumées de violences sexuelles prescrites de se faire connaître de la justice, facilitent la libération de la parole.

En mars 2024, une perquisition des domiciles de Sean Combs révèle 96 appareils électroniques contenant des preuves vidéo filmées par le rappeur lui-même d’un système organisé d’exploitation sexuelle. Le 16 septembre 2024, il est arrêté dans un hôtel de Manhattan. Le lendemain, une inculpation pour trafic sexuel et association de malfaiteurs est rendue publique. L’accusation décrit une véritable « machine à broyer », affirmant que le rappeur aurait utilisé son réseau d’entreprises – y compris Bad Boy Records - pour maintenir ses victimes présumées sous contrôle par l’intimidation, la surveillance et la dépendance. Ses avocats dénoncent une « poursuite injuste contre un homme imparfait », insistant sur le mode de vie « libertin » de leur client.

Derrière l’écran glamour, l’horreur

Ce procès pourrait durer au moins dix semaines. « Des personnes influentes seront exposées et d’horribles secrets seront révélés », a déclaré à ce propos l’avocat des victimes présumées, Tony Buzbee. Avant de se retrouver derrière les barreaux, Sean Combs était en effet connu pour ses célèbres « White Parties », soirées blanches légendaires, où se bousculait le gratin de l’industrie cinématographique et musicale américaine. C’est derrière cet écran glamour que le rappeur aurait organisé pour certains invités « triés sur le volet » des « Freak offs », où se seraient mêlés drogues, prostitution, présence de mineurs, viols collectifs et soumission chimique.

Sur les réseaux sociaux, créateurs de contenus, complotistes et enquêteurs 2.0 examinent à la loupe les clichés de ces fêtes mondaines. De la chanteuse Jennifer Lopez à l’acteur Leonardo DiCaprio, les participants pointés du doigt, soupçonnés d’être soit témoins soit coupables. Sean Combs a également tissé au fil des ans des liens étroits avec les sphères politiques et philanthropiques américaines, particulièrement démocrates. Ces positions, alimentées par de nombreux photomontages frauduleux, valent à l’affaire d’être aujourd’hui instrumentalisée par le camp pro-Trump. Même si le 47e président des États-Unis a lui-même longtemps fréquenté le rappeur, avant d’entrer en politique.

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