En 2011, lors d’une campagne océanographique dans le parc naturel marin du cap Corse et de l’Agriate, deux chercheurs de l’université de Corse font une découverte surprenante : des centaines de cercles de 20 mètres de diamètre apparaissent sur l’écran de leur sonar. À une centaine de mètres de profondeur, ces formes à la structure quasi identique dessinent un paysage curieusement ordonné, presque artificiel. « Un peu comme un jardin à la française », s’étonne Laurent Ballesta, lors de sa première plongée sur le site. Comment expliquer un tel phénomène ?
Le biologiste, photographe et plongeur, auteur de plusieurs documentaires (dont Planète Méditerranée, disponible sur arte.tv), aime les défis : il se met en tête de résoudre l’énigme avec la collaboration d’une trentaine de scientifiques (géologue, paléoclimatologue, spécialiste des algues…). Son film suit pas à pas cette enquête collaborative, depuis les premières cartographies et échographies du sous-sol à l’aide d’un drone autonome jusqu’à une ambitieuse expédition sous-marine organisée avec la Marine nationale.
Une incroyable biodiversité
Pendant une vingtaine de jours, Laurent Ballesta et trois autres plongeurs expérimentés se sont confinés dans une capsule pressurisée afin de pouvoir explorer le site, prélever des échantillons et faire l’inventaire de l’écosystème présent sur place. Entre exploit sportif et aventure high-tech, cette enquête scientifique se transforme peu à peu en voyage dans le temps, ces étranges formations de roches et de corail datant du dernier maximum glaciaire, il y a près de 21 000 ans.
Aussi pédagogique que contemplatif, le film dévoile l’incroyable biodiversité des abysses : mérous à dents de chien (une espèce quasiment disparue en Méditerranée), raies étoilées, forêts de gorgones, escargots jaune fluo et coquillages en mode camouflage… Autant de beautés étranges que les superbes prises de vues de Laurent Ballesta donnent, plus que jamais, envie de protéger de la menace du réchauffement climatique.