♦ En fanfare **
d’Emmanuel Courcol
Film français, 1 h 43
Atteint de leucémie, Thibaut a besoin d’une greffe de moelle osseuse : un test ADN révèle en quelques secondes qu’il a été adopté et qu’il a un frère biologique dont il ne soupçonnait pas l’existence. Un hasard qui permet aux deux frères de se rencontrer. L’amour de la musique qu’ils partagent est le véritable ciment du film d’Emmanuel Courcol. L’un est chef d’orchestre, l’autre est employé dans une cantine et membre de la fanfare de son village.
Balançant avec charme entre comédie et drame, sourire et serrement de cœur, En fanfare pose bien des questions… et se garde d’y apporter des réponses édifiantes ou définitives. Le réalisateur place avec raison sa confiance dans son équipe de comédiens pour interpréter leur partition avec tact et finesse.
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♦ Rabia ***
de Mareike Engelhardt
Film français, 1 h 35
Jessica et Laïla, 19 ans, décident de partir en Syrie pour rejoindre les combattants de Daesh. Avant de rejoindre Akram, le djihadiste dont elles deviendront les coépouses, elles sont accueillies dans une « madafa ». Une maison de femmes où vivent des célibataires comme elles, mais aussi des veuves avec leurs enfants. La directrice de la « madafa », surnommée « Madame », met chacune de ces femmes à l’épreuve pour tester leur détermination, mais aussi leur soumission, avant de leur attribuer un nouveau nom. Jessica devient Oum Rabia (la « colère », en espagnol).
Dans ce premier film, Mareike Engelhardt livre une chronique éprouvante et une réflexion passionnante sur les trajectoires de femmes, tout juste converties, qui ont décidé de tout quitter pour se mettre aux mains d’une organisation les privant de leurs droits les plus élémentaires.
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♦ Leni Riefenstahl, la lumière et les ombres ***
d’Andres Veiel
Film allemand, 1 h 55
À la fin de la vie de Leni Riefenstahl, le regard porté sur elle s’était modifié. Pour célébrer la cinéaste, on mettait volontiers de côté sa personnalité controversée, sa proximité avec le régime nazi et Adolf Hitler. Dans ce documentaire, la journaliste vedette et productrice allemande Sandra Maischberger a décidé de s’attaquer au « mur de mensonges » construit autour de celle qui avait bâti sa propre légende, répétant à longueur d’interview qu’elle ne s’était jamais intéressée à la politique mais seulement à son art.
Ayant eu accès aux archives personnelles de la cinéaste, la journaliste dépeint dans son film le portrait saisissant d’une femme volontaire, imbue d’elle-même, imperméable à la culpabilité, manipulatrice et qui ne renonça jamais aux idéaux d’ordre et de beauté véhiculés par le régime nazi. Le film jette une lumière crue sur le « mythe » Riefenstahl.
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♦ Grand tour ***
de Miguel Gomes
Film portugais, 2 h 09
Edward sur le point de se marier en Birmanie, décide de fuir à la dernière minute laissant sa fiancée Molly. Mais celle-ci, bien décidée à le retrouver et à se marier, suit ses traces à travers l’Asie.
Miguel Gomes, le réalisateur portugais, nous transporte dans leur périple, nous faisant voyager à travers sept pays. Surtout, il fait coïncider ses images de l’Asie contemporaine avec le voyage imaginaire de ses personnages reconstitué en studio, brouillant ainsi volontairement les repères de l’espace et du temps, sans introduire pour autant de rupture dans la narration. Si la démarche peut apparaître au premier abord expérimentale, il faut accepter de se laisser guider dans les méandres de son imaginaire pour en apprécier la beauté.
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♦ Vaiana 2 *
de David G. Derrick Jr., Jason Hand, Dana Ledoux Miller
Film d’animation américain, 1 h 40
À partir de 8 ans
Mais que cherche Vaiana ? L’héroïne tahitienne, qui a connu un grand succès en 2016 (plus de 5 millions d’entrées), se le demande elle-même, semblant surprise de rempiler pour les besoins du Disney de Noël 2024. Vaiana reprend la mer pour chercher à rencontrer l’altérité.
La jeune fille, toujours aussi indépendante et audacieuse, ne devait revenir que dans une série animée sur la plateforme du studio aux grandes oreilles, mais les épisodes ont été remodelés pour former ce long métrage au récit décousu. La forme pèche aussi : couleurs saturées, blagues téléphonées, chansonnettes dignes des pires comédies musicales, animation frénétique et mimiques stéréotypées des personnages…
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♦ Animale *
d’Emma Benestan
Film français, 1 h 40
Seule femme dans un monde d’hommes, Nejma (Oulaya Amamra), travaille dans une manade – un élevage de taureaux – et s’entraîne dur pour participer à sa première course camarguaise et gagner le respect de ses collègues. Après une soirée bien arrosée, elle se réveille le lendemain avec un étrange sentiment de malaise et sans aucun souvenir de ce qui s’est passé pendant la nuit. Au même moment, une bête sauvage semble rôder et un employé est retrouvé encorné.
A priori, cette idée de western féministe dans les paysages magnifiés de la Camargue, avec son machisme et ses traditions ancestrales, avait tout pour séduire. Les images sont belles et les acteurs, dont de nombreux non-professionnels, participent de la véracité du cadre. Malheureusement, l’intrigue est cousue de fil blanc et sa dimension fantastique, comme métaphore du traumatisme lié au viol, est trop appuyée pour convaincre.