Aide à mourir : les responsables religieux de France alertent sur de « graves dérives » possibles

Les représentants des principaux cultes en France alertent, jeudi 15 mai 2025, sur les « graves dérives » que ferait courir l’adoption de la proposition de loi sur l’aide à mourir. (Photo, les responsables des cultes reçus à l’Élysée en 2023).
Les représentants des principaux cultes en France alertent, jeudi 15 mai 2025, sur les « graves dérives » que ferait courir l’adoption de la proposition de loi sur l’aide à mourir. (Photo, les responsables des cultes reçus à l’Élysée en 2023). Thomas Padilla / /MAXPPP
Les représentants des principaux cultes en France mettent en garde, jeudi 15 mai, contre les « graves dérives » et le « basculement radical » que pourrait provoquer, selon eux, la proposition de loi sur l’aide à mourir, en discussion à l’Assemblée depuis lundi.

Les représentants des principaux cultes en France ont exprimé leur vive inquiétude face à la proposition de loi sur l’aide à mourir, débattue depuis lundi à l’Assemblée nationale, dans une tribune diffusée jeudi 15 mai. Ils alertent sur de « graves dérives » et un « basculement radical » que provoquerait, selon eux, l’introduction d’un tel dispositif dans le droit français.

La Conférence des responsables de culte en France (CRCF) – qui rassemble les autorités catholiques, protestantes, orthodoxes, juives, musulmanes et bouddhistes – affirme que le texte « introduit légalement la possibilité d’administrer la mort – par suicide assisté ou euthanasie – en bouleversant profondément les fondements de l’éthique médicale et sociale ».

La tribune dénonce un « langage qui travestit la réalité », pointant l’usage du terme « aide à mourir » comme un euphémisme qui « masque la nature véritable de l’acte : l’administration volontaire d’un produit létal ». Selon les signataires, cette terminologie tend à « désamorcer la gravité morale » de l’acte et à « affaiblir le débat public ».

Les responsables religieux confient leur inquiétude contre ce qu’ils considèrent comme une « rupture avec l’essence du soin ». Pour eux, intégrer l’aide à mourir dans le code de la santé publique constitue un « dévoiement de la médecine », contraire au serment d’Hippocrate, et une source de « désarroi » pour de nombreux soignants.

« Une menace pour les plus vulnérables »

Autre point de tension : l’insuffisance des garanties éthiques et procédurales prévues par le texte. Le recours à un seul médecin, l’absence de procédure collégiale, ainsi que des délais jugés trop courts – quinze jours d’instruction, suivis de quarante-huit heures de réflexion – sont dénoncés comme étant « indignes d’une décision irréversible ».

Les signataires redoutent également une « menace directe pour les plus vulnérables » – personnes âgées, malades ou en situation de handicap – qui pourraient se sentir incitées à demander la mort par culpabilité. Ils évoquent le risque d’un recul des soins palliatifs, comme observé dans d’autres pays ayant légalisé l’euthanasie.

La CRCF critique une atteinte à « l’équilibre entre autonomie et solidarité », déplorant une approche qui privilégierait l’autodétermination individuelle sans prise en compte des proches, des soignants ou d’un accompagnement spirituel. Face à ce qu’ils décrivent comme une « rupture anthropologique », les chefs religieux appellent les parlementaires à faire preuve de discernement et à « choisir l’humanité contre l’abandon, le soin contre la résignation ».

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