La Croix : Perte de crédibilité, désaffection des fidèles, scandale des violences sexuelles ou abus spirituels, position minoritaire dans une société où l’incroyance et l’athéisme dominent… Dans votre livre L’Après-midi du christianisme, vous posez un diagnostic sans filtre sur la situation de l’Église. À quelle étape de son histoire en est-elle ?
Tomas Halik : Dans ce livre, j’applique à l’histoire du christianisme la métaphore que Carl Gustav Jung a utilisée dans son interprétation du développement des individus : l’enfance et la jeunesse sont le « matin de la vie », puis vient la « crise de midi », crise du milieu de vie, et son dépassement permet la transition vers l’« après-midi de la vie », le temps de la maturité. J’ai écrit que l’ère prémoderne était un « matin », un temps de construction de structures doctrinales et institutionnelles. Les périodes suivantes, y compris les Lumières, la modernité, la sécularisation, les critiques de la religion et les scandales récents ont érodé beaucoup de ces certitudes. Il est maintenant temps de se réveiller de la « sieste », d’apprendre des crises et de passer à une forme plus profonde et plus mature du christianisme. Pas de nostalgie pour la Christianitas médiévale, pas de « guerres culturelles », mais pas non plus de conformité « progressiste » bon marché au monde extérieur, mais un « voyage vers les profondeurs ».