Éditorial

Un nouveau chancelier en Allemagne : la France doit saisir l’occasion pour renforcer l’Europe

Jean-Christophe Ploquin, rédacteur en chef.
Jean-Christophe Ploquin, rédacteur en chef. Franck Ferville pour La Croix
Le nouveau chancelier allemand, Friedrich Merz, sera investi ce mardi 6 mai. Affaibli d’emblée par une situation politique tendue et par un contexte international difficile, il devrait chercher des appuis en Europe, et notamment en France, pour relancer son pays. Une occasion à saisir.

Pas d’état de grâce pour Friedrich Merz. Le nouveau chancelier allemand, qui sera investi ce mardi, affronte une situation difficile. Son pays traverse une longue période de stagnation économique. Les frustrations sociales nourrissent une crise identitaire alimentée par la question migratoire.

Le vote d’extrême droite n’a jamais été aussi haut. Et les tensions internationales bousculent l’ancien modèle de croissance. Le gaz russe bon marché favorisait une industrie conquérante dans une Chine en plein boum, tandis que les États-Unis prenaient à leur compte les dépenses de défense. Ce triptyque s’est effondré, et chacun des anciens « partenaires » est devenu hostile.

L’Allemagne doit donc se réinventer. Friedrich Merz a déjà fait preuve d’un grand volontarisme, brisant des tabous, par exemple sur le recours à l’endettement ou sur la relation transatlantique. Mais son gouvernement a une assise fragile. Les deux partis qui forment la coalition ont obtenu des scores médiocres aux élections du 23 février 2025. Cet attelage aux airs de déjà-vu pourrait faire monter le « dégagisme » aux deux extrêmes du spectre politique.

Alors qu’il se trouve en mauvaise posture, il faut espérer que le gouvernement allemand viendra chercher en Europe les appuis pour ses réformes. C’est le sens de la double visite que Friedrich Merz effectuera dès mercredi en France puis en Pologne, le même jour. Dans une période où les relations commerciales tanguent, où les risques géopolitiques s’exacerbent et où les démocraties sont confrontées à de multiples menaces, les Européens doivent construire les politiques, les coopérations et les financements qui leur permettront de devenir plus puissants, ensemble. Heureusement, le nouveau chancelier semble en être convaincu.

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